Animation et médiation animale : une association gagnante

Dans le secteur de l’accompagnement des publics vulnérables, l’animation est parfois perçue comme une activité secondaire, moins « professionnelle » ou ne relevant pas du champ de la médiation animale. Certains établissent même une frontière nette entre les deux : l’animation serait réduite à un simple moment ludique, tandis que la médiation animale serait la seule démarche véritablement orientée vers l’accompagnement.

Cette vision me paraît réductrice et ne reflète pas la réalité du terrain. D’une part, le terme "médiation animale" désigne aujourd’hui l’ensemble des pratiques professionnelles associant l’animal. D’autre part, l’animation n’est, à mon sens, ni une activité "à part", ni une sous-catégorie de la médiation animale. Lorsqu’elle est pensée et mise en œuvre par un professionnel formé, elle constitue une véritable technique au service de la relation et de l’accompagnement.

Envisagée comme un outil plutôt que comme une fin en soi, l'animation permet de créer les conditions favorables à la rencontre et au développement des potentiels, de soutenir la communication et de faciliter l’engagement du bénéficiaire avec l’animal et avec l’intervenant.

Son cadre souple et non contraignant permet une mise en contact avec l’animal sans pression. L’animal devient alors un partenaire sécurisant, qui offre une distance suffisante pour que la personne puisse s’apaiser, se sentir en confiance et être disponible à la relation. Ce moment de plaisir partagé constitue déjà une forme d’accompagnement. Par ailleurs, l’animation ménage aussi des temps de répit à l’animal, évitant une sollicitation continue au cours de la séance.

Mais là où cette technique me semble particulièrement pertinente, c’est dans sa capacité à instaurer les bases d’une relation de confiance, indispensable à tout accompagnement. Elle permet cela grâce à des propositions variées avec et sur le thème des animaux partenaires des séances : le nourrissage au fil des saisons, la fabrication d'enrichissements, les jeux à l'effigie de l'animal, les parcours d’agility thématiques, les soins, les reportages photos, les temps de lecture ou d'écriture ou encore d’autres activités qui favorisent la rencontre et l’engagement. La figure de l'animateur s'éloigne en apparence de celle du soignant ou de l'éducateur. Cette distance par rapport aux professionnels habituels est favorable à la mise en confiance, au dépassement de soi et au développement des potentiels.

Ainsi, loin de constituer un accompagnement à part, les techniques d'animation selon le professionnel qui s'y réfère, sont une porte d’entrée ou un espace de transition vers un accompagnement personnalisé de qualité. L'animation facilite l’engagement de la personne, nourrit la relation, et installe les conditions favorables à la mise en place d’objectifs spécifiques qui peuvent être pédagogiques, éducatifs ou thérapeutiques selon le projet. C’est à partir de l'état de bien-être du bénéficiaire que l’accompagnement en médiation animale prend tout son sens.

Je suis convaincue qu’il est nécessaire aujourd’hui de dépasser l’idée que l’animation serait « moins professionnelle » ou qu’elle n’aurait pas sa place dans le champ de la médiation animale. En l’envisageant comme une technique plutôt que comme une discipline, l’animation devient un véritable levier : elle ouvre les portes de la rencontre, mobilise les compétences, stimule l’envie de progresser et offre un cadre sécurisant permettant d’accompagner au plus juste le bénéficiaire dans le développement de ses potentiels.

Sophie Lamidey Novembre 2025